Gris

Gris
par LupusVII

Quand on joue depuis un certain nombre d'années, il est parfois difficile de trouver quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent. C'est même parfois frustrant de tester un jeu et de se dire "Ah oui, c'est comme xxx". Malgré des bibliothèques de jeux toujours plus grandes, découvrir n'est pas une mince affaire.

Et puis, il y a Gris. Non, pas la couleur. Le jeu sorti en 2018, développé par Nomada Studio. C'est leur premier et seul jeu à leur actif pour le moment, et autant vous le dire franchement, j'aimerais un jour faire un premier jeu de cette qualité.

Gris, c'est le jeu minimaliste par excellence. On parle ici d'un jeu d'aventure / plateforme tellement calme et posé qu'on se demande pourquoi il a été édité par Devolver. Certes ils sont connus pour éditer du jeu indépendant mais surtout des trucs complètement barés comme Hotline Miami.

La définition de la quiétude

Ce qui ressort instantanément dès les premières minutes de Gris, c'est la douceur de son ambiance. Toute la direction artistique de Gris est d'une beauté incroyable.

Commençons par les visuels, qui me font penser à un croisement entre de l'acrylique et de l'estampe japonaise. Tous les dessins sont fins, l'ensemble est aéré et de temps en temps, le jeu va dézoomer pour vous offrir des vues d'ensemble qui laissent pantois. De quoi remplir votre répertoire de fonds d'écran pendant longtemps. Bref, c'est BEAU. D'autant que ce n'est que les premiers aperçus.

Car, sans trop spoiler, Gris est une jeune fille un peu perdue dans son monde. Sa tristesse est symbolisée par le faible contraste qu'offre le jeu au début de son périple. En poursuivant son périple, elle grandira, observera le monde d'une manière différente, et amènera littéralement de la couleur dans sa vie.

La bande son du jeu suit le niveau posé par les visuels, avec des morceaux qui collent à tout moment avec ce que vous voyez/faites. Mélancolique, entraînante, triste ou pleine d'espoir, les musiques composées par le groupe Berlinist sont juste merveilleuses.

Vous pouvez l'écouter via Youtube ou Spotify, les liens sont plus bas dans l'article.

Les environnements sont grandioses
Un peu d'couleur, nomdidiou

Pour les casus comme pour les PGM

Concernant son gameplay, GRIS est un plateformer classique. Il s'approche toutefois plus d'un Journey que d'un Super Meat Boy hein.

On avance de tableau en tableau, à la recherche de sortes d'astres qui formeront des espèces de constellations. (C'est ce à quoi ça me fait penser, il n'y a pas spécialement d'explications à leur sujet). Ces astres nous serviront à faire apparaître des plateformes pour accéder à la suite de l'aventure.

Gris peut sauter, dévaler le long des pentes, et apprendra de nouvelles compétences au fil de son voyage, qui l'aideront à progresser et à résoudre les différents puzzles.

Que ce soit bien clair : GRIS ne représente pas un challenge. On pourrait même parler d'expérience tellement le concept est léger pour un jeu vidéo. Cela dit, c'est probablement ce qui fait la réussite de ce jeu. Il ne propose techniquement pas grand chose, mais ce qu'il fait est parfait. La difficulté est réduite à son minimum. Pas de frustration, pas de game-over. Au pire des cas, vous devrez refaire un petit puzzle ou une partie d'un puzzle plus complexe. Avec un peu d'observation, d'adresse et de patience, on vient à bout des obstacles sans problèmes.

Par exemple, le premier tableau - qui sert de tutoriel - nous met face à une zone aride, frappé par des tempêtes. Pour avancer, il faut vous abriter dans les différentes ruines se trouvant sur la route. Dans le pire des cas, la tempête vous ramènera un peu en arrière et ralentira votre progression, mais elle ne vous fera jamais reculer au début du tableau.

A noter toutefois que pour les plus aguerris, il existe des "trucs" à collectionner, qui se trouvent généralement un peu cachés ou au bout de puzzles plus compliqués (temps limité, plateformes éloignées etc...).

Comme Anakin, vous n'aimez pas le sable.
Weeeeeeeeeeeeee

La quintessence du game feel

Une des définitions du game feel, c'est le moment où vous comprenez ce que le jeu attend de vous, sans avoir besoin de vous le dire. C'est le moment où vous êtes dedans.

Si GRIS est aussi bien critiqué sur la toile, c'est notamment grâce à son extraordinaire game feel. Uniquement grâce à sa diégèse, vous savez exactement où aller. Il n'y a aucun tutoriel officiel, aucune indication. Vous avancez dans un magnifique labyrinthe sans jamais être pour autant la sensation d'être perdu.

A l'exception des touches sur lesquelles appuyer quand vous obtenez une nouvelle compétence, tout ce que vous devez comprendre passe par les visuels et la bande-son. Réfléchissez pas et ressentez, tout simplement.

Il n'y a besoin d'aucun objectif, d'aucune motivation pour aider Gris dans son aventure. Notre seul but est de faire avancer Gris, de l'aider à grandir et à franchir les obstacles qui lui font face.

Entre le grandiose et l'exposition d'un puzzle
Fichtre...

Je ne saurais pas vraiment dire si GRIS peut être qualifié de jeu vidéo tant il est minimaliste dans son approche. C'est une expérience dingue, même si je la trouve un peu courte - comptez 3h pour finir le jeu. Et pourtant, ce que j'ai pu ressentir en parcourant cet univers est unique. Aucun jeu ne m'avait proposé une expérience similaire auparavant.

En même pas 3h, GRIS rejoint le rang de ces jeux qui m'ont marqué, ceux dont je me souviendrais dans longtemps.

Je ne peux que vous le recommander, que vous soyez un joueur aguerri ou un novice. Si vous n'avez jamais touché un jeu vidéo de votre vie, c'est une excellente porte d'entrée pour vous y essayer.

A très vite pour de nouvelles découvertes vidéo-ludiques !

Lupus