Kingdom Eighties

Kingdom Eighties
par CekterDown

Savez-vous que l'on peut parfois prendre un concept, le tordre suffisamment pour le faire correspondre à une idée saugrenue, et en faire une grande réussite ? C’est exactement ce qu’a fait la team de Fury Studio de chez Raw Fury avec Kingdom Eighties, et c’est génial.

Kingdom est une série de jeux vidéo dont le premier opus date de 2015. Il s’agit d’un tower defense médiéval fantastique, en pixelart et en 2D, avec scrolling horizontal. Vous êtes le dirigeant du coin et vous êtes chargé de restaurer l’intégrité du royaume. Pour ce faire, vous allez parcourir la zone de droite à gauche, bâtissant un château et recrutant des gens. Vous récupérez de l’or, le nerf de la guerre, et vous affrontez chaque nuit des hordes de petites créatures étranges qui cherchent à détruire vos défenses, piquer votre or et votre couronne.

Le jeu alterne donc entre des phases de recrutement, de construction et de défense. Un but est fixé à chaque niveau, permettant de résoudre une demande spécifique et de passer au monde suivant. Chaque itération du titre propose des petites choses en plus, approfondissant le gameplay au fil des années. C'est la première fois que Kingdom change aussi radicalement d’approche.

En effet, Kingdom Eighties vous place, comme son nom l’indique, aux commandes d’un adolescent des années 80, qui ne chevauche plus un fidèle destrier, mais un bicross, et qui ne doit plus reconstruire un château pour défendre son royaume, mais bien renforcer et agrandir le terrain vague qui lui sert de refuge.

Exit donc les tours en pierre et les renforts en rondins, et bonjour les palissades en cônes de chantier et en palettes. Les serfs que l’on recrutait en leur jetant la pièce sont remplacés par des enfants, et les lieux de production sont remplacés par des stands de limonade ou un skatepark.

Par contre, le principe reste rigoureusement le même, et l'on subira les assauts nocturnes des mêmes petites créatures affreuses venues d’ailleurs. On en apprendra plus sur leur origine au cours de l’aventure, tout en essayant de sauver la ville de cette invasion.

Comme tout bon cliché des années 80 mettant en scène des adolescents, il était hors de question de reprendre la figure de la royauté solitaire parcourant son domaine. Vous ne resterez pas seul bien longtemps puisque vous allez rapidement recruter des amis, eux aussi à vélo et affublés de capacités spécifiques, pour vous épauler. Le sportif, qui vous aidera à écraser les ennemis, la bricoleuse, capable de réparer des structures endommagées, le mage, petit génie de l’électronique, etc. Du grand classique pour qui a vu les Goonies, E.T. et autres films du genre.

Comme on l’a dit, il ne s’agira plus de restaurer un château, mais de fortifier sa position avec du bric et du broc afin de contenir, puis d’attaquer, les créatures hostiles et, finalement, de les chasser de la ville. Nous sommes, toujours, accompagnés par un mystérieux fantôme, qui nous donne notre couronne et nous demande de la protéger. Il nous sert également de tutoriel en nous expliquant comment fonctionne un camp. Tout étant repris à zéro et de façon très fluide, comprendre le jeu ne posera pas de problème, que vous soyez un habitué ou non de la série.

Le pixel art est de toute beauté, chaque reflet, chaque mouvement, chaque détail, apportent vie et qualité à l'ensemble. La profondeur n'est pas en reste puisque l'arrière-plan est, lui aussi, magnifique. On s'amusera à croiser ici un masque de Jason (Friday 13th) cloué sur la porte d'une cabane, là un amas de ballons de cirque qui rappellent furieusement un certain roman de Stephen King (IT). La musique, un peu répétitive, est totalement dans l'ambiance puisqu'elle va puiser dans la Synthwave la plus représentative.

Enfin, l'ajout bienvenu d'une histoire détaillée sous forme de cut-scenes, permettant à la fois de suivre la trame principale, mais également les motivations de chaque membre de l'équipe, nous plonge un peu plus dans cette époque devenue fantasmée depuis quelques années.

Pour conclure, je vais vous faire un aveu : je n'avais pas tellement accroché à la série Kingdom. Je la trouvais trop lente, trop répétitive et, au final, plutôt ennuyeuse. Mais, cet épisode-ci a totalement retourné mon point de vue. J'adore tout ce que Kingdom Eighties propose. Sa DA magnifique, son histoire prenante, son ton léger et ses trouvailles de gameplay (utiliser un conteneur à poubelles comme tank ? Bien sûr que OUI !), tout m'a accroché et continue à m'accrocher.

Enfin, la traduction intégrale et ses différents niveaux de difficulté sont la cerise sur le délicieux gâteau qu'est ce titre. Il s'agit, à mes yeux, d'un des grands jeux en pixel art de cette année.