Silent Rain

Silent Rain
par CekterDown

En cette période d’Halloween, on aime se faire frissonner. On peut regarder des films fantastiques, lire des romans d’épouvante et, en personne résolument ancrée dans notre siècle, jouer à des jeux vidéo d’horreur. Silent Rain fait partie de ces jeux qui vont vous glacer le sang. Imaginez plutôt : vous devez entrer dans un manoir inquiétant et isolé, pour enquêter sur la disparition de toute une équipe de scientifiques. Ces derniers sont venus là pour mener des expériences mystérieuses et ne donnent plus signe de vie.

Bien entendu, vous arrivez à la nuit tombée. Bien entendu, il y a de l’orage et une pluie battante. Bien entendu, vous n’avez pas d’arme. Bien entendu, il y a un tueur psychopathe qui rôde. Autant vous dire que ça ne va pas formidablement bien se passer !

Silent Rain se joue seul ou à plusieurs (jusqu’à quatre) en vue à la première personne. Ici on n’a ni pouvoir, ni arme. Seule notre discrétion nous permettra de progresser dans le manoir tout en essayant de comprendre ce qu’il s’est passé grâce à des notes disséminées un peu partout, et des énigmes à résoudre (dans le stress, sinon c'est pas drôle).

Il faudra donc explorer les lieux avec énormément de prudence, en repérant les cachettes à l’avance et en étant attentif au moindre élément annonciateur de l’arrivée du docteur contrefait. Heureusement, chaque échec, chaque run raté (et il y en aura !), permet de se constituer une carte mentale des lieux et d’élaborer de nouvelles stratégies.

Dès le départ, le jeu vous conseille de jouer dans le noir et avec un casque sur les oreilles ; et il faut bien avouer que le résultat est bluffant. Les sons, comme le craquement du plancher ou le grincement de l’ouverture d’une porte, résonnent dans le silence comme autant de sirènes d’alarme. Tout est une menace potentielle, et on se prend à retenir son souffle derrière son écran alors que notre personnage entre dans une pièce un peu trop sombre.

Silent Rain prend tout son sens quand on joue à plusieurs. Chaque protagoniste va pouvoir se concentrer sur un aspect spécifique de l’exploration. Celui qui collecte les données, celui qui essaye de garder la créature sous surveillance, celui qui se charge des objets spécifiques, etc.

À l’instar de jeux comme Alien Isolation ou Eresys, la force du titre réside dans notre grande vulnérabilité face à l’antagoniste principal, mais également notre méconnaissance totale des lieux et des dangers. Une bonne coordination dans une partie à plusieurs, permettra d’atténuer quelque peu cette vulnérabilité.

J’insiste sur le jeu en équipe, car c’est celui qui permet le plus d’interactions, et donc de fun, entre amis. Mais il ne faut pas pour autant mettre de côté le jeu solo qui est tout à fait plaisant bien que nettement plus terrifiant. De fait beaucoup plus vulnérable, puisque totalement livré à nous-même, jouer seul est exigeant mais très gratifiant. Entendre les pas du psychopathe ou voir passer sa silhouette de l’autre côté d’une fenêtre reste une expérience glaçante et unique.

Je ne veux pas vous en dire plus, car un des plus grands plaisirs de ce jeu réside dans la découverte de ses mécaniques. Je ne vous donnerai donc que des conseils de base : avancez doucement, ramassez tout ce que vous pouvez et privilégiez la dissimulation à la course.

D’un point de vue technique, le jeu est très satisfaisant. La qualité visuelle est au rendez-vous. La fluidité aussi, même sur une machine tout à fait moyenne. Le manoir est superbe, et l’agencement des pièces ainsi que tous les petits détails présents créent un environnement crédible. L'ambiance sonore est également au rendez-vous, tonnerre, craquements, portes qui grincent, bruits de pas, respiration, tout concourt à rendre encore plus inquiétante une atmosphère déjà pas joyeuse.

Il est toutefois à noter que, si vous possédez une carte graphique AMD, vous devez utiliser ses réglages (via son logiciel dédié) avec parcimonie. J'ai eu la mauvaise surprise d'avoir une qualité très dégradée de l'image avant de comprendre qu'il s'agissait d'une conflit avec une option de la surcouche "Adrenaline Edition" d'AMD. Un tour dans les options pour mettre l'app en réglages par défaut et tout est rentré dans l'ordre.

En résumé, c’est une très belle réussite pour les français de Seedlers Interactive et 2Brains&Coffee (cocorico). Décidément, la scène indépendante française est prolifique et talentueuse. Disponible sur Steam, traduit dans une dizaine de langues, vendu moins de dix euros, et ayant déjà prévu un deuxième lieu d’exploitation (le métro), que demander de plus ?