The Planet Crafter

The Planet Crafter
par CekterDown

Je ne suis pas très fan de la science-fiction française. Trop ampoulée, voulant bien souvent rajouter une couche de réflexion utile, mais avec la subtilité d’un parpaing, et quasiment toujours ultra référencée. Un peu comme son cinéma en somme.
Autant vous dire que j’abordais Planet Crafter avec des pincettes quand je l’ai vu débarquer il y a 2 ans sous forme de démo au cours d’un Neo Fest Steam. Mais, en bon client de tout ce qui touche à l’espace, je me suis quand même lancé sur ce qui n’était alors qu’un prologue. Et nous voici, deux ans plus tard et grâce à Miju Games (un couple de Toulousains qui se sont lancés ensemble dans cette aventure un peu dingue, encore merci à ielleux) au moment de la sortie de la version 1.0 du jeu.

Et quel jeu ! Oui, je spoil la fin de l’article.

X5643 la Rouge

The Planet Crafter, c’est l’histoire d’un type qui est condamné à faire des travaux d'intérêt général. Enfin presque. On retrouve donc Bébou (je l’appelle comme je veux) condamné par une obscure société spatiale, à terraformer une planète désertique perdue dans un système solaire quelconque, et à en faire un jardin d’Eden. Le début du voyage se passe déjà lamentablement mal puisque son beau vaisseau s’est disloqué et qu’il se retrouve quasiment à poil dans une petite nacelle de survie. Autant vous dire que le paradis, ça ne va pas être pour tout de suite.

Heureusement, Bébou est armé d’un flingue à tout faire, et la planète ne manque pas de ressources. Au cours de mes streams j’ai parlé de First Person Builder, et c’est exactement ce que c’est. Un jeu de survie et de construction avec vue à la première personne. Un pistolet universel va servir à récolter, mais aussi à bâtir, recycler, placer, etc.

Le début de partie est très classique, Bébou ramasse tout ce qu’il trouve et le transforme grâce à une machine rescapée du crash. Assez rapidement, il va pouvoir construire des modules d’habitation, mais également de quoi manger, boire, et surtout respirer. Parce que, comme on s’en doutait, il n’y a pas d'atmosphère respirable (voire, pas d'atmosphère du tout, du moins au début).

Une fois ses besoins basiques sécurisés, il va falloir penser à se mettre au travail. Là encore Bébou va pouvoir compter sur la formidable technologie présente dans son vaisseau, mais malheureusement disséminée aux quatre coins de la zone. C’est donc armé de son courage et de sa détermination, que notre héros du quotidien va commencer à explorer ce qui se trouve autour de lui. Et il y en a des choses à découvrir, croyez moi !

X-En-01 la Verte

Bébou aura donc trois « tâches » à mener de front : se créer un environnement de survie adapté et répondant à ses besoins fondamentaux (et c'est déjà bien du soucis), explorer les environs et se rendre compte qu’il y a quand même pas mal de morceaux de vaisseaux échoués un peu partout (entre autres choses), terraformer la planète (ah ben oui, c’est vrai qu’il est là pour ça à la base), voire, soyons fous, se tirer de ce qui s'apparente quand même à un trou à rat cosmique.

Là encore, le génie du titre est dans l’étroite imbrication de ces trois axes. Survivre nécessite de trouver des ressources, trouver des ressources nécessite d’explorer de plus en plus loin, explorer nécessite de créer les conditions qui vont terraformer la planète. Cerise sur le gâteau, le tout se fait dans le plus grand des calmes. Pas de bestioles menaçantes, pas d'extraterrestres belliqueux, pas de menace cosmique. On est seul, accompagné par une musique atmosphérique qui, fait assez rare pour être souligné, ne lasse jamais.

Et quel plaisir de voir enfin, après quelques heures, les premières gouttes de pluie. Quelle sensation étrange de fierté et d’étrangeté que de regarder ce lac qui se forme en contrebas. Chaque événement, chaque nouveauté, chaque découverte sont un moment de pur plaisir. Si au début, on pouvait être écrasé par le travail de titan qui nous était confié, on finit par se sentir exalté des transformations qui ont lieu sous nos yeux.

Mais le périple de Bébou ne s’arrête pas là. Les messages trouvés dans les ordinateurs au cours de l’exploration, le rétablissement des communications longues distances, et même l'envoi de fusées dans l’espace (oui oui, vous verrez), lui permettront de se rendre compte que tout n’est pas si évident qu’il y paraissait au moment du crash et que cette planète cache bien des mystères.

Xenos la Bleue

Techniquement, le jeu est très propre et n’a fait que se bonifier au cours de son early access. De nombreux « biomes », une fluidité agréable sur nos machines modernes, des options d’accessibilité, et même l’accès à une console (oui comme dans Valheim, et oui il faut chercher un peu), autant vous dire que je suis comblé.

J’ai beau me creuser la tête, je n’arrive pas à lui trouver de réels défauts. On pourrait éventuellement lui reprocher son irréalisme total, puisqu’il est évidemment impossible de terraformer toute une planète avec quelques extracteurs de gaz et deux éoliennes. Et, bien entendu, il faut aimer le genre. Si le craft vous donne des boutons, si gérer des inventaires vous révulse, et si les jeux de survie sont votre enfer personnel, alors non le jeu ne vous plaira pas.

Par contre, si vous aimez un tant soit peu l’exploration, les mondes étranges, les découvertes étonnantes et le plaisir de voir une planète s'épanouir sous vos yeux et grâce à vos efforts, alors foncez pour cette petite merveille de la scène indépendante. C’est un des meilleurs jeux du genre, et je pèse mes mots.

Je râlais sur la science-fiction à la française en début d’article. Et bien, j’ai le plaisir de vous annoncer que The Planet Cafter ne tombe dans aucun des travers habituels, et qu’il livre une œuvre intelligente, fine, et même drôle par moments. Le jeu vidéo français est en pleine ascension depuis quelques années et c’est totalement mérité. The Planet Crafter le prouve brillamment.

Sur ce, vous m’excuserez, mais moi j’y retourne, Bébou vient de découvrir comment créer des animaux !

P.S. J'ai totalement oublié de vous dire, mais dans sa version 1.0, le jeu est jouable en Coop. Du coup vous n'avez plus d'excuse du tout !